C'est notre Tour!
Le Tour de France passera au Pays Basque, le 28/7/2018, à l'occasion de l'étape contre la montre entre Senpere et Ezpeleta. Une nouvelle visite sur la carte du Tour se concrétise alors que nous subissons, comme peuple, une situation de non reconnaissance de nos droits humains collectifs les plus élémentaires.
21 Mars 2018 | ARMAND JAUNARENA, GARIKOITZ MUJIKA, ELORRI ARIN, OIER HIRIART, XIMUN DUHOUR, SANDRA POCHULU, OIER OA, PAXKAL ELGART, ROBERTO MURGIONDO
L'année dernière, le Tour avait débuté à Dússeldorf (Allemagne); le départ 2019 est annoncé à Bruxelles (Belgique). Va-t-on annoncer cette année que, hormis la dernière étape des Champs-Elysées, le Tour se terminera au Pays Basque, une nation sans état qui affirme sa volonté d'exister d'égal à égal avec les autres nations? Ou, au contraire, mettront-ils sur un même plan l'étape prévue pour le 14 Juillet entre Dreux et Amiens et celle du contre la montre labourdin?
Quelques uns essaieront d'emblée de balayer d'un coup de main l'importance de cet événement en arguant que ce n'est qu'une manifestation sportive. Pourtant force est de constater que le Tour, comme tout acte social, véhicule des idées politiques, des idées qui mettent en avant une vision jacobine et centralisatrice de l'état, une certaine vision nationale qui se base sur la négation des peuples et des cultures existant sur son territoire, niant ainsi aux autres les droits qu'il s'octroie à lui même au nom d'une supposée supériorité morale ou civilisatrice. Bien que le temps soit passé, il est évident que la Grande Boucle n'a jamais cessé d'être un des symboles du nationalisme français.
On ne peut donc pas dissocier politique et sport. La politique, comme l'exercice du pouvoir dans une société organisée, se fait aussi au moyen du sport. Ce fait est une des singularités qui définit précisément les sociétés modernes. Nous devons pourtant relever le défi et agir en politique en gardant l'esprit sportif. Comment? Nous proposons d'organiser d'une part, une chaîne humaine festive et revendicative sur le parcours du contre la montre et d'autre part, un podium spécifique pour les coureurs basques en reconnaissance de leurs classifications à Ezpeleta.
Le site internet du Tour précise, à propos de l'édition 2018: "100% Hexagonal... ou presque. Hormis un court passage d'une quinzaine de kilomètres en Espagne lors de la 16e étape Carcassonne - Bagnères-de-Luchon, le 105e Tour de France ne sortira pas des frontières de l'Hexagone".
Nous allons présenter une autre réalité, notre réalité, afin de corriger cette présentation.
Malgré une récente reconnaissance institutionnelle des 3 provinces du Nord sous forme de communauté d'agglomération, nous tenons tout de même à affirmer, de manière festive, que nous formons un territoire, un Pays composé de 7 provinces, avec toutes ses particularités et richesses, son histoire, sa langue. Nous devons constamment soulever la question territoriale car elle continue d'être une question fondatrice du fait politique. Et au sociologue George Simmel de souligner à tous les jusqu'au boutistes de la prétendue intangibilité de l'intégrité territoriale d'un état: "La frontière n'est pas un fait spatial impliquant des conséquences sociologiques, mais un fait sociologique que s'exprime sous forme spatiale".
L'exceptionnelle exposition médiatique (78 chaînes de télévision, représentant 170 pays) couvrant l'événement ne peut que nous y aider. C'est un rendez-vous incontournable.
Nul doute que nous serons nombreux à vouloir y participer!